La cigarette électronique a été victime d’une campagne de bashing particulièrement virulente depuis fin 2019. En effet, de nombreux cas d’une pneumonie mystérieuse enregistrés en Chine, à Hong Kong, en Corée du Sud et aux Etats-Unis fin 2019 ont été attribués au vapotage, conduisant de nombreux gouvernements et organisations de santé à requérir l’interdiction ou la restriction de la consommation de cigarette électronique. Les professionnels de santé expliquent aujourd’hui ces pneumonies par le début de la propagation du Covid-19.

Aucune altération des performances respiratoires

L’étude a été menée par le célèbre professeur Polosa, sommité médicale mondiale et directeur de l’Institut de médecine interne et du Centre antitabac de l’Université de Catane. Ce chercheur émérite a reçu en juin 2019 un INNCO Global Award pour l’ensemble de ses travaux dans les maladies respiratoires.

Bien que la taille de l’échantillon soit relativement réduite, « les résultats de cette étude peuvent fournir des preuves préliminaires que l’utilisation à long terme des cigarettes électroniques n’est pas susceptible de soulever des problèmes de santé importants chez les utilisateurs relativement jeunes », a déclaré le professeur Riccardo Polosa et son équipe, qui ont suivi un petit échantillon de jeunes adultes n’ayant jamais fumé du tabac mais utilisant régulièrement des cigarettes électroniques. Les participants ont été suivis et surveillés pendant environ 42 mois, soit 3 ans et demi, et leurs résultats ont été comparés à ceux d’un groupe témoin de non-fumeurs qui n’avaient jamais utilisé de cigarettes électroniques.

« Nous n’avons pas constaté de diminution des indices spirométriques, de développement de symptômes respiratoires, de changement des marqueurs d’inflammation pulmonaire dans l’air expiré ou de dommages pulmonaires précoces », explique le professeur, y compris lorsque les performances respiratoires du groupe testé ont été comparées à des adultes qui ne fument ni le tabac, ni la cigarette électronique. Les chercheurs ont ajouté que même les utilisateurs les plus « assidus » ne présentaient aucun signe de dommages ou d’inflammation pulmonaire, et qu’aucun changement de la pression sanguine ou du rythme cardiaque n’a été observé… de quoi tempérer la campagne de bashing de la cigarette électronique qui a sévi pendant plus de 6 mois.

vapotage à long terme

L’étude de Polosa répond aux inquiétudes concernant la rigidité artérielle

Ces résultats répondent aux inquiétudes soulevées par un certain nombre de professionnels de la santé qui établissaient un lien entre la rigidité artérielle et le fait de vapoter. Des ONG avaient en effet épinglé la composition de certaines substances de vapotage. l’utilisation d’e liquide est indispensable au vapotage, et certains fabricants non homologués ne sont pas en mesure d’assurer la traçabilité des substances utilisées. Les gouvernements sont attendus sur ce point, avec une régulation et une traçabilité accrue sur toute la chaîne de valeur, comme pour l’industrie du tabac mais aussi l’agroalimentaire.

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Selon une étude présentée au congrès international de la Société respiratoire européenne (ERS), qui s’est tenu en septembre 2017 à Milan, l’inhalation de vapeurs augmenterait momentanément les signes vitaux et la rigidité artérielle. En réponse à cette conclusion, le professeur Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance au tabac de l’université Queen Mary de Londres (QMUL), avait souligné qu’il existe d’autres éléments qui ont le même effet sur l’organisme et qui sont considérés comme non pertinents en termes de risques pour la santé. « Il s’agit d’un effet stimulant bien connu de la nicotine qui n’a que peu de pertinence pour la santé. Boire du café a le même effet, mais de manière plus importante et plus durable ». Le professeur Hajek explique également que ce même effet temporaire et réversible se produit lorsque l’on regarde un match de football à suspens ou un film avec un retournement de situation inattendu.

L’étude de Polosa, qui a été publiée dans Scientific Reports, a conclu que les résultats obtenus doivent être considérés comme des pistes préliminaires à approfondir, notamment avec des études à plus large échelle avec des échantillons plus importants. La totalité de l’étude est consultable ici pour les anglophones.